La mort d'un enfant
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La mort d'un enfant
Pour comprendre un peu, ce que vis Véro et sa famille. Pour connaître ses émotions et savoir quoi dire...
" « Après la mort de Marc, j’ai compris de l’intérieur cette réaction des rescapés des camps de concentration : j’avais le sentiment de vivre une expérience tellement effroyable, qu’elle resterait indicible parce que personne ne pourrait jamais la comprendre.»
Ce que cette mère arrive à formuler, dix ans après le décès de son fils, traduit bien ce que ressentent beaucoup de parents endeuillés. La mort d’un enfant est en effet l’expérience la plus terrible que peuvent vivre des parents. (…) Une épreuve qui atteint la chair de leur chair, contre l’ordre chronologique du temps et des générations (« c’était à moi de partir », disent les grands-parents), et sur laquelle on a du mal à mettre des mots. Et ils ont le sentiment qu’ils ne pourront jamais la partager avec d’autres, y compris, souvent, avec ceux qui leur sont proches (…). Et « les autres », de leur côté, n’osent pas leur en parler.
« La mort de l’enfant reste un tabou très fort, qui conduit à l’isolement des parents, explique Marie-Frédérique Bacqué, auteur de plusieurs ouvrages sur le deuil. D’un côté, ce sont les parents eux-mêmes qui s’isolent : pris dans un mouvement de culpabilité, ils s’autosanctionnent en se refusant au monde, en évitant d’entrer en contact avec l’entourage. Et les autres parents ont tendance à les fuir, car ils en ont peur : ils ont peur d’être touchés, émotionnellement, ou réellement, par une espèce de superstition selon laquelle la mort serait contaminante. »
« On vit dans une société qui ne sait pas manier les mots du chagrin, déplore-t-elle. Et il est impudique de le faire. Passé le choc du début, les parents en deuil son amenés très vite, sous la pression sociale, à ne plus pouvoir en parler. On leur demande de faire le deuil le plus vite possible. Or, le deuil d’un enfant, c’est très long, beaucoup plus long que ce que la société imagine.»
Ce dont souffrent les parents, en plus de l’absence, c’est de ce silence, car ils ont très peur que leur enfant soit oublié. « L’entourage, ne mesure pas ce que vivent au quotidien ces parents, dans quel état d’épuisement physique et psychologique ils sont. Les parents en deuil soulèvent l’Himalaya tous les matins. Au bout d’un an ou deux, la plupart, commencent à peine à sortir du choc. (…) « Faire le deuil d’un enfant, c’est long, très long, répète-t-elle. On est agité par des sentiments très complexes : on s’attend à n’éprouver que du chagrin, mais derrière le paravent du chagrin il y a la colère, et derrière encore la culpabilité. Ces émotions, il faut que les parents en deuil aient le temps de les repérer (on étouffe par exemple sa colère contre le défunt pendant des années), de les vivre, de les traverser… Il s’agit d’un travail lent et difficile. »
Un travail qui peut se faire seul, mais aussi et de plus en plus avec l’aide des autres. « Ce qui peut permettre d’aller plus vite. Car il est terrible de se dire que des souffrances ont pu se taire si longtemps.
Et de plus en plus de parents s’autorisent désormais à chercher de l’aide » Ils peuvent enfin partager leurs expériences, leurs émotions avec d’autres parents qui traversent la même épreuve qu’eux, dire leur honte, leur culpabilité (« c’est de ma faute, je n’ai pas su protéger mon enfant »), leur difficulté à s’intéresser à leurs autres enfants (« je ne pense qu’à celui qui est mort »), leur colère, leur tristesse, et s’aider à apprivoiser peu à peu cette absence insupportable.
« On a le sentiment au début, qu’on ne s’en remettra jamais. En parlant ensemble, on s’aperçoit qu’en fait on ne veut pas s’en remettre parce qu’on a peur d’oublier. Or, faire son deuil, ce n’est pas oublier, c’est s’apercevoir qu’on peut parler de son enfant autrement que dans les larmes, c’est se remémorer tout ce qu’on a vécu avec lui pour reconstruire l’héritage qu’il nous laisse. » « Il ne s’agit pas non plus de se consoler. Quand on perd un enfant, on est inconsolable (on peut apporter son soutien à la personne, mais il faut lui garder son espace où elle est inconsolable). »
Les parents qui traversent cette épreuve ne seront jamais plus « comme avant » : ils changent leur échelle de valeurs, leur façon de voir les choses, ils ont besoin d’expérience fortes, authentiques, les sorties purement sociales deviennent insupportables. Certains sont amenés à quitter leurs amis. Beaucoup changent d’activité, de métier.
« Les parents cherchent à donner un sens à leur vie, Car si la mort d’un enfant n’a pas de sens, on peut donner un sens à sa vie après cet événement-là. » Chacun à sa manière. Un papa informaticien a voulu ainsi travailler dans un hôpital. D’autres vont militer dans des associations de lutte contre le cancer ou contre la violence routière… ou aider à leur tour d’autres parents en deuil…"
Source: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Sur ce, je veux dire à Véro que je suis de tout coeur avec elle dans cette dure épreuve. Nous n'oublierons jamais Annabel
" « Après la mort de Marc, j’ai compris de l’intérieur cette réaction des rescapés des camps de concentration : j’avais le sentiment de vivre une expérience tellement effroyable, qu’elle resterait indicible parce que personne ne pourrait jamais la comprendre.»
Ce que cette mère arrive à formuler, dix ans après le décès de son fils, traduit bien ce que ressentent beaucoup de parents endeuillés. La mort d’un enfant est en effet l’expérience la plus terrible que peuvent vivre des parents. (…) Une épreuve qui atteint la chair de leur chair, contre l’ordre chronologique du temps et des générations (« c’était à moi de partir », disent les grands-parents), et sur laquelle on a du mal à mettre des mots. Et ils ont le sentiment qu’ils ne pourront jamais la partager avec d’autres, y compris, souvent, avec ceux qui leur sont proches (…). Et « les autres », de leur côté, n’osent pas leur en parler.
« La mort de l’enfant reste un tabou très fort, qui conduit à l’isolement des parents, explique Marie-Frédérique Bacqué, auteur de plusieurs ouvrages sur le deuil. D’un côté, ce sont les parents eux-mêmes qui s’isolent : pris dans un mouvement de culpabilité, ils s’autosanctionnent en se refusant au monde, en évitant d’entrer en contact avec l’entourage. Et les autres parents ont tendance à les fuir, car ils en ont peur : ils ont peur d’être touchés, émotionnellement, ou réellement, par une espèce de superstition selon laquelle la mort serait contaminante. »
« On vit dans une société qui ne sait pas manier les mots du chagrin, déplore-t-elle. Et il est impudique de le faire. Passé le choc du début, les parents en deuil son amenés très vite, sous la pression sociale, à ne plus pouvoir en parler. On leur demande de faire le deuil le plus vite possible. Or, le deuil d’un enfant, c’est très long, beaucoup plus long que ce que la société imagine.»
Ce dont souffrent les parents, en plus de l’absence, c’est de ce silence, car ils ont très peur que leur enfant soit oublié. « L’entourage, ne mesure pas ce que vivent au quotidien ces parents, dans quel état d’épuisement physique et psychologique ils sont. Les parents en deuil soulèvent l’Himalaya tous les matins. Au bout d’un an ou deux, la plupart, commencent à peine à sortir du choc. (…) « Faire le deuil d’un enfant, c’est long, très long, répète-t-elle. On est agité par des sentiments très complexes : on s’attend à n’éprouver que du chagrin, mais derrière le paravent du chagrin il y a la colère, et derrière encore la culpabilité. Ces émotions, il faut que les parents en deuil aient le temps de les repérer (on étouffe par exemple sa colère contre le défunt pendant des années), de les vivre, de les traverser… Il s’agit d’un travail lent et difficile. »
Un travail qui peut se faire seul, mais aussi et de plus en plus avec l’aide des autres. « Ce qui peut permettre d’aller plus vite. Car il est terrible de se dire que des souffrances ont pu se taire si longtemps.
Et de plus en plus de parents s’autorisent désormais à chercher de l’aide » Ils peuvent enfin partager leurs expériences, leurs émotions avec d’autres parents qui traversent la même épreuve qu’eux, dire leur honte, leur culpabilité (« c’est de ma faute, je n’ai pas su protéger mon enfant »), leur difficulté à s’intéresser à leurs autres enfants (« je ne pense qu’à celui qui est mort »), leur colère, leur tristesse, et s’aider à apprivoiser peu à peu cette absence insupportable.
« On a le sentiment au début, qu’on ne s’en remettra jamais. En parlant ensemble, on s’aperçoit qu’en fait on ne veut pas s’en remettre parce qu’on a peur d’oublier. Or, faire son deuil, ce n’est pas oublier, c’est s’apercevoir qu’on peut parler de son enfant autrement que dans les larmes, c’est se remémorer tout ce qu’on a vécu avec lui pour reconstruire l’héritage qu’il nous laisse. » « Il ne s’agit pas non plus de se consoler. Quand on perd un enfant, on est inconsolable (on peut apporter son soutien à la personne, mais il faut lui garder son espace où elle est inconsolable). »
Les parents qui traversent cette épreuve ne seront jamais plus « comme avant » : ils changent leur échelle de valeurs, leur façon de voir les choses, ils ont besoin d’expérience fortes, authentiques, les sorties purement sociales deviennent insupportables. Certains sont amenés à quitter leurs amis. Beaucoup changent d’activité, de métier.
« Les parents cherchent à donner un sens à leur vie, Car si la mort d’un enfant n’a pas de sens, on peut donner un sens à sa vie après cet événement-là. » Chacun à sa manière. Un papa informaticien a voulu ainsi travailler dans un hôpital. D’autres vont militer dans des associations de lutte contre le cancer ou contre la violence routière… ou aider à leur tour d’autres parents en deuil…"
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Sur ce, je veux dire à Véro que je suis de tout coeur avec elle dans cette dure épreuve. Nous n'oublierons jamais Annabel
Dernière édition par le Mar 7 Mar 2006 - 12:19, édité 1 fois
Marie-Lu- Invité
allo
Merci pour ton texte, il explique bien des choses sur ce deuil injuste à faire dans une vie...
Challe19
Challe19
challe19- Douce brise privilégiée
-
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Age : 46
Localisation : Les Coteaux, Montréal
Emploi : éducatrice CPE
Loisirs : À la quête du bonheur !!
Date d'inscription : 16/01/2006
Re: La mort d'un enfant
oui, il explique bien des choses...
J'ai vu ma tante perdre son p'tit homme d'un cancer... J'ai vu et je l'ai entendu décrire la douleur, mentale, mais aussi physique de perdre un enfant... Elle me disait que c'était comme si on lui brouillait les os, un par un...
Aujourd'hui, un peu plus de 4 ans après la mort de Maxime, elle en parle, mais en souffre toujours...
Elle ne voulait pas entendre dire qu'on la comprenait, on ne peut pas comprendre ça je crois... Mais elle aimait qu'on soit là, pour l'écouter, lui donner une épaule pour ... elle aimait aussi qu'on soit capable de comprendre quand être là et quand la laisser seule avec sa peine...
Horrible perdre un enfant, la p'tite puce de Véro avait 14 mois, lui 14 ans...
Mélanie et son trio
xxx
J'ai vu ma tante perdre son p'tit homme d'un cancer... J'ai vu et je l'ai entendu décrire la douleur, mentale, mais aussi physique de perdre un enfant... Elle me disait que c'était comme si on lui brouillait les os, un par un...
Aujourd'hui, un peu plus de 4 ans après la mort de Maxime, elle en parle, mais en souffre toujours...
Elle ne voulait pas entendre dire qu'on la comprenait, on ne peut pas comprendre ça je crois... Mais elle aimait qu'on soit là, pour l'écouter, lui donner une épaule pour ... elle aimait aussi qu'on soit capable de comprendre quand être là et quand la laisser seule avec sa peine...
Horrible perdre un enfant, la p'tite puce de Véro avait 14 mois, lui 14 ans...
Mélanie et son trio
xxx
Invité- Invité
Re: La mort d'un enfant
Beau texte...
Je vais en prendre des bouts pour la carte de JF
Merci !
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Merci !
CaraMel- Parfum de Jardin platinium
-
Nombre de messages : 2584
Age : 51
Localisation : Longueuil
Emploi : conseillère en voyages
Loisirs : Scrapbooking, Boxe, hockey et course.
Date d'inscription : 16/11/2005
La mort d'un enfant
Merci d'avoir partagé ça avec nous...
Jooloose- Parfum de Jardin platinium
-
Nombre de messages : 3002
Age : 49
Localisation : St-Raphaël Bellechasse
Emploi : Souscriptrice assurances des entreprises
Loisirs : Scrapbooking, ornitologie, pêche et jardinage
Date d'inscription : 07/01/2006
Re: La mort d'un enfant
Merçi pour ce beau petit text.
Comment pourrait-on oublier Annabel...j'aurai toujours une petite pensée spéciale à tout les 6 mars...j'allumerai une petite chandelle en sa mémoire....
Comment pourrait-on oublier Annabel...j'aurai toujours une petite pensée spéciale à tout les 6 mars...j'allumerai une petite chandelle en sa mémoire....
BoRn- Les Clés du Jardin
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Nombre de messages : 19815
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Localisation : Rive-sud de Mtl originaire du NB
Emploi : Camionneuse
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Date d'inscription : 18/10/2005
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