Quand la passion s'effondre!

J’adorais les animaux. Je ne me lassais jamais de les flatter, de les admirer et des les observer. J’aimais l’odeur de la campagne et ce sentiment de liberté qu’on ressentait en regardant l’infini des champs. J’aimais les gens qui y habitaient; des gens fiers et travaillants. J’ aimais la fierté qu’on ressentait une fois les grosse journées d’été terminées. J’aimais le chemin parcouru depuis nos touts débuts en 1997; Y’avait les bannières des expos, les premières excellentes de notre préfixe, la première vedette vendue de notre ferme,…Non, je n’aimais pas tout ça, j’adorais et je vivais bien.



Avec les années, ce paradis a pris des allures de prison. Aucunes vacances en famille ou presque. Nos vraies sorties se limitaient souvent aux expositions l’été. Cette incapacité à trouver une personne fiable et compétente pour s’occuper des animaux était devenue à mes yeux un obstacle insurmontable.



Y’a eu ma petite ange, qui par son rapide passage, m’a encore plus fait tomber. Le poids de la ferme est alors devenu trop lourd. Chaque soir, je ne pensais qu’au lendemain matin où je ne pourrais pas encore profiter d’une grace matinée à dormir, chaque semaine, j’anticipais le travail qui allait bientôt venir et ça me décourageait totalement, chaque fois qu’arrivait un imprévu, une casse après quelque chose ou une vache , j’en rageais de devoir travailler plus fort ou de voir mon homme devoir travailler doublement, chaque été qui s’en venait me coupait les ailes parce que je savais qu’ici, on ne profiterait pas et que l’automne arriverait encore trop vite… Je me sentais sans énergie, et de me dire que dans 5 ou 10 ans quand mes fils seraient en âge de nous aider ne me disais rien….



J’ai donc pris mon sac à dos, mis ma petite vie avec tous ces souvenirs trop beaux et magiques dedans et suis partie. On m’a surement traité de traitre, de sans cœur aussi, mais c’était trop lourd tout ça pour moi. En quittant la ferme, je viens de détruire l’accomplissement de deux générations, j’anéantie le rêve d’un passionné et je laisse à mes enfants seulement un monde de souvenirs… Fallait me sauver, j’étais en train de mourir.



Je voulais donc tous vous dire…quand j’ai suivi la route qui m’a menée dans ce beau pays qu’est l’Agriculture, je trouvais les habitants merveilleux. Des gens vrais, travaillants, toujours prêts à vouloir sauver leur héritage et cette ressources si précieuse qu’est la terre…des gens fiers de leurs accomplissements, fiers de ce qu’ils réussissaient de peine et de misère à tirer comme revenus du trop de travail abattu chaque jours. Je les admirais et ça me faisait toujours un petit velours de me savoir faire partie de leur monde.



Aujourd’hui, vu de l’extérieur, j’en pense encore plus de bien, je leur lève encore plus mon chapeau. Je passais sur une route de campagne…un champs trop grand, du foin fauché à perte de vue, une petite presse et 2 tracteurs avec des voitures. De savoir et comprendre l’ouvrage qu’ils avaient cette journée-là me faisaient les admirer tout plein…



Merci de ce beau chemin que la vie m’a fait emprunter… j’suis déçue qu’il se termine, mais à la fois, dans ma tête et dans mon cœur sera à jamais gravé le noms de toutes ces vaches qui ont fait vibrer mon cœur, de ce pays qui m’a fait sourire tant de fois, de ce mari que j’ai suivi et aidé avec plaisir, bonheur et amour et de ces 3 enfants à qui j’espère j’ai pu ne serait-ce qu’un instant transmettre cet amour des animaux et de la terre.



Petitnord

Petit papillon qui vole maintenant dans un autre monde merveilleux.

Tu le dis si bien...tu ne renieras en rien ton passé, mais ton présent tu le savoures !

Aaaaaaah....fabuleux....

Tinker, qui te bisoute XxxxxxxX

Cette expérience de la campagne fait à présent partie de toi. C'est une richesse que peu d'entre nous avons et c'est une belle richesse.

C'est comme vivre dans un autre pays pour y découvrir une autre culture.
Cela nous rend plus humain, plus "ouvert à l'autre, à la différence".

Tu peux à présent profiter de ta nouvelle vie, riche de toutes ces expériences qui ont fait de toi celle que tu es aujourd'hui.

Évolution... ton présent est forgé de tes expériences du passé. Tes enfants sont chanceux d'avoir connu cet univers tout à fait merveilleux qu'est la vie sur la ferme.

Mes enfants ne connaîtront jamais ce que ma conjoite et moi avons vécu lorsque nous étions jeunes, ce que tes enfants ont connu pour un moment.

Mais quel passion il faut avoir pour rester droit face au vent qui souffle 24h/24, 365jours par année dans le monde de l'agriculture...

En plus, tu étais dans le domaine de l'agriculture qui est le plus exigeant; une ferme laitière... Tu aurais été sur une ferme avicole (poulailler), de grande cultures, ou de canneberges et le ton aurait été de beaucoup différent. Mais une ferme laitière, quelle charge de travail... que de frais et d'investissements à soutenir... si peu de soutient du milieu... si peu de main d'oeuvre fiable disponible... l'environnement collé au cul comme une remorque... le quota à un prix inaccessible... le prix du lait qui augmente et jamais une cenne qui va au producteur mais tout aux transformateurs...

Je te comprends à 10,000%...

greg de me comprendre dans tous les si petits détails. xxx

C'est le fun de te voir pousser ta réflexion sur ce que tu es maintenant.

Pas de regrets ni de remords. C'est une perte d'énergie. Aussi bien en tirer le meilleur. Renier ce que tu as été serait pire que tout. Comme il a été dit, ça a fait de toi ce que tu es.

Je suis contente pour toi. ET il te reste, somme toute, de très beaux souvenirs de cette étape de ta vie.

...et j'ai oublié de parler de la foutue météo qui n'est jamais là pour vous aider...

Je suis émue tout plein de te lire !!

Cette expérience fait partie de toi...C'est grâce à notre passé que nous sommes qui nous sommes aujourd'hui...
Et cela prend toujours une bonne dose de courage pour accepter de laisser une vie derrière pour en démarrer une autre, on laisse toujours quelque chose de nous dans l'aventure. Mais il y a tellement de choses à découvrir dans ce monde, qu'il serait dommage de ne jamais se remettre en question et prendre le risque de tout changer...
C'est un très beau texte...

Greg...la météo!!! Mets'en !!! immagine cet été la difficulté à faire des foins...et l'hiver quand la montée de nettoyeur casse et qu'il fait une maudite tempête avec du vent et un fretttt de -40!!! Trop !!!

Véroxxx

J'avais vu un reportage (à La Semaine Verte c'est quétaine, mais je trouve ça intéressant) sur les problèmes que vivait les fermiers par rapport à leur vie de couple.Certains jeunes fermiers avaient de la difficulté à se trouver des conjointes.D'autres vivaient des divorces directement reliés à la charge de travail.Dans le couple qui semblait le mieux s'arranger,le femme était enseignante et ne travaillait pas du tout à la ferme (même l'été).Il disait que c'était comme ça qu'ils avaient trouvé le meilleur arrangement.Lorsque je parle de la ferme en classe je dit souvent aux élèves que c'est un des travail le plus difficile qui existe .Que même si c'est Noël,les animaux mangent quand même,font leur besoin...Que même si c'est les vacances les champs doivent être entretenus... Tu as tenu le coup le mieux que tu pouvais et avant que ça t'engloutisse tu as sauver ta peau...

Sophiechat...c'est pas dutout quétaine l'émission la semaine verte!!

Tu as tellement raison. C'est dure pour un couple tout ce travail...il faut voir plus loin que le travail..y'a la vie de famille, la vie de couple aussi...toute notre vie tourne autours de la ferme, des vaches. Une vache tombe , c'est tout notre revenu qui part avec elle...on ne réussi pas à faire du bon foin, c'est tout un casse-tête pour réussir à faire produire les animaux comme il fait tout l'hiver...et là, j'oublie toutes les foutues contraintes agroenvironnementales et autre paperasse qu'on nous oblige à remplir. Comme si on manquait d'ouvrage...

Les gens qui n'ont jamais mis les pieds sur une ferme ne peuvent pas réellement comprendre ce qu'on y vit là-bas...faut être fait fort.

Personnellement, je connais des couples qui ¨marche¨ encore et que la femme travaille à l'extérieur...mais moi, jamais je n'aurais été capable de décrocher assez pour revenir du travail et laisser mon homme se débrouiller tout seul jusqu'à passé minuit pour finir une journée de foin, ou réparer un bidule ou veiller un vêlage...

Je sais maintenant ce que cache chaque gorgée de lait, chaque petit pot de yaourt, chaque livre de beurre...c'est une montagne de travail accomplie par des gens passionnés...mais aussi peut-être fatigués...

Véroxxx