La solitude des jeunes accouchées

La solitude des jeunes accouchées

Reine Vander Linden

Lors d'une consultation psychologique postnatale, une mère me confiait, avec gêne, sa solitude. Revenant aussitôt sur ses propos, elle me dit: «Mais je suis comblée par mon bébé. C'est ridicule de se plaindre. Comment est-ce possible que je me sente seule alors que j'ai une charmante petite fille qui m'apporte tant de bonheur?»

Cette façon de vouloir ranger dans l'oubli ces sentiments étranges qui font taches dans le tableau de la maternité heureuse, beaucoup de femmes s'y prêtent.

Et pourtant… Sous nos latitudes, de quoi sont faites les journées d'une jeune accouchée? De petits gestes répétitifs non organisables, tout à la fois attendrissants et agaçants: changer, nourrir, baigner le bébé, ranger, nettoyer, préparer… Le quotidien des congés de maternité ressemble souvent à une ritournelle qui se déroule au rythme de l’enfant. Ritournelle entrecoupée de visites dans le meilleur des cas.

Dans cette succession de petites tâches, pas beaucoup de place pour soi! «Dès que je sais qu'Adrien va dormir deux, trois heures d'affilée, je me dis qu'il faut que je mette ce temps à profit pour dormir car si je suis trop fatiguée, mon lait ne suivra pas en suffisance.» «La seule chose que je fais pour moi, c'est aller chez ma kiné. Le reste du temps est entièrement occupé par Zélia.»

Dans cette étrange parenthèse de la vie qu'est le congé de maternité, beaucoup de femmes éprouvent une sorte de peur de ne jamais en sortir. Les heures filent à toute allure mais, au terme d'une journée, que peut-on dire de ce que l'on a fait? Et quand une vaisselle, une lessive attend, que le désordre traîne et que d'aucuns soulignent: «Mais tu n'as que ça à faire», c'est l'effondrement. Que ça à faire! C'est le corps, le cœur, l'esprit qui, tout entiers, sont au service du bébé. C'est un travail subtil que de rentrer dans sa peau pour le deviner, le décoder, chercher à comprendre, heure après heure, ce dont il a besoin. Une tâche qui ne sait se raconter.

Besoin de recharger son réservoir
Les retours que l’enfant offre sont réels mais ténus: des sourires, une ou deux heures de sommeil bien calmes, des instants de tendresse… mais, bien sûr, pas de grandes déclarations pourtant bien méritées: «Maman, tu es merveilleuse, tu me sens, me comprends, m'apportes tout ce qui me permet d'être bien. Ta disponibilité compense ma vulnérabilité de tout-petit.»

Même si, comme femme, on a l’aide de son compagnon, lorsque l'on donne tant et tant de soi, on a besoin de recharger son réservoir. Tant de mères attendent - à juste titre - du père de leur bébé quelques paroles qui soulignent et reconnaissent ce qu'elles font pour lui. Mais si les mots ne viennent pas, la sensation de solitude grandit, grossit, s'amplifie, amène de la souffrance.

Cela semble si bizarre de se plaindre de la solitude avec un bébé dans les bras. Pourtant, cette expérience, beaucoup de femmes la font. D'autant plus en hiver, alors que la météo confine chacun chez soi. Par beau temps, les parcs publics, les plaines de jeux, les rues commerçantes sont des endroits prisés par les jeunes mères qui, ainsi en contact avec d'autres et sorties un moment de leur bulle fusionnelle, ont un peu la sensation de renaître elles-mêmes au monde.

C'est tellement vrai...

Ça ne devrait pas s'appeler "jeunes accouchées" ça devrait s'appeler "maman au foyer"...

"Oui mais t'es pas toute seule, t'as les deux enfants avec toi !"

C est totalement vrai ce texte en entier..Moi j ai vecu seul avec mes deux plus vieux..Et je me suis senti seul asser souvent et pourtant les gens autour de moi ce trouvais toujours le moyen de me dire"Ben non tu n est pas seul tu as les enfants qui te tienne occuper toute la journee."Oui ont a les enfants qui nous tienne occuper toute la journee,mais ca ne veux pas dire qu ont ne ce sens pas seul et qu ont a le gout de voir nos amis(es)..Maintenant que j attend mon troisieme bebe,je me dit p-e que ce sera encore pareille et p-e pas..Car le papa c est bcp impliquer dans la grossesse et meme qu il ce trouve toujours un moyen pour me remonter le moral quand je me sens oublier.