Les enfants et le jardinage

Les enfants et le jardinage

Catherine Keller, La Grande Époque

Des enfants dans un potager, cela peut être le jardin d'Éden ou un véritable enfer, tout dépend de la façon dont nous abordons la situation.

Un jardin, bien qu'il nous apporte énormément, réclame de l'attention et un travail régulier. Jardiner, c'est aussi s'aérer, faire du sport et entrer en contact avec la nature, avec la vie. En même temps, cela demande de la constance, de l'humilité et de la discipline. La maxime «Ne remets pas au lendemain ce que tu peux faire le jour même» s'applique particulièrement bien au jardin. En effet, si nous souhaitons une récolte à la hauteur de nos espérances, notre présence et nos soins envers notre potager doivent être à la hauteur de nos ambitions. Nous ne pouvons pas tout maîtriser, notamment la météo qui parfois, est capricieuse.

C'est donc un bon moyen pour développer chez l'enfant ces valeurs. Lui transmettre l'amour de la terre prend du temps et de la patience.

Quand l'enfant n'est encore qu'un bébé, pour l'habituer, jardinons près de lui, il nous regardera depuis son baby-relax ou sera bercé sur notre dos, comme les bébés africains, à condition d'avoir un dos solide. Les images, les senteurs, le petit vent caressant sa peau seront des souvenirs qui imprègneront son inconscient. Lorsqu'il commence à marcher, même à quatre pattes, il nous sera difficile de travailler avec lui. Profitons de sa sieste pour le faire, à moins d'avoir une nounou qui puisse s'en occuper de temps à autre. C'est l'âge des découvertes, nous serons au jardin autant que possible en le laissant découvrir les escargots et autres limaçons, les insectes, la terre, les pierres, les plantes, celles qui sentent bon, celles qui piquent, celles qui chatouillent. Évidemment, nous veillerons à ce qu'il n'y ait pas de plantes toxiques.

Plus tard, il continuera à prospecter et commencera à faire diverses expériences sur ce grand terrain de jeux sous un œil vigilant. Nous pourrons à nouveau essayer de jardiner en sa compagnie. Mais cela demandera beaucoup de souplesse et la conviction que c'est une petite graine que nous semons pour l'avenir.

Vers trois quatre ans, nous commencerons à récolter les légumes avec lui, il pourra planter quelques salades sur une plate-bande déjà préparée, il aura beaucoup de plaisir à arroser le jardin avec son petit arrosoir. Nous lui montrerons comment cueillir les fleurs et nous l'aiderons à réaliser ses envies, dans la mesure du possible. Il lui faudra des outils adaptés et ne rien attendre de lui, pour l'instant, il joue.

Vers six sept ans, nous pouvons lui réserver un petit bout de potager. Il le gérera tout seul, enfin presque, nous serons là pour l'aider et le stimuler en sachant doser l'effort pour qu'il garde l'envie de jardiner. Quand il rentrera tout fier de montrer sa salade, c'est sûr, tout le monde sera d'accord pour affirmer que c'est la meilleure du jardin!

À l'adolescence, les goûts changent et, souvent, l'envie de jardiner passe, c'est normal. Toutefois, si son aide nous est nécessaire, il peut toujours y avoir une petite récompense à la fin, ce sera en quelque sorte un de ses premiers petits emplois rémunérés. À cet âge, il a tant à découvrir que le jardinage devient une de ses dernières préoccupations, mais il est fort possible que, devenu adulte, les bons souvenirs le convient à se ressourcer au jardin.